29ème prix Max Pol Fouchet

Par la porte entrouverte de la poésie, Josée Tripodi, prix Max Pol Fouchet 2010, tente de regarder la vie qu'elle veut "empoigner par les cornes". Dans son recueil "Le temps court plus vite que moi" le ciel, la lune, le soleil, l'été avec ses fruits et ses fureurs, les couleurs qui tremblent, l'odeur de la terre endormie et l'ombre qui montre le chemin, traversent ces textes intenses et sensibles. Parfois, dit-elle, un mot s'échappe pour "filer comme un serpent dans les taillis de la mémoire" alors que le jour se referme comme une fleur des prés.
Le quotidien, à la fois fragile et dur, est bien sûr présent. C'est le temps aussi pour certains de "découdre les plaies et se repaître des malheurs du monde au journal télévisé". Les rues, les boulevards, les allées de Paris et de Montreuil offrent leurs instantanés, leurs écorchures, leurs échardes et leurs visages parfois marqués par les difficultés de l'existence.
Née à quelques jours du printemps1943, Josée Tripodi, qui a été professeur de français et principale de collège, s'est sentie, écrit-elle, poète des rues, comme on dit "chanteur des rues". La transparence, ajoute t-elle, d'un ciel la bouleverse, mais elle aime aussi à célébrer les souillures du bitume. L'essentiel, pour elle, est de tenter "d'égratigner les mystères du monde" et d'atteindre ce qui, dans le cœur des autres, lui ressemble.
Préfacé par Linda Maria Baros et Luis Mizon, "Le temps court plus vite que moi", distingué par le jury international de l'Atelier Imaginaire, est un beau recueil au plus près des êtres et des choses.
Abdelkader Djemaï
Le Temps court plus vite que moi, Le Castor Astral, 2010, 111 p.