La souffrance du retour

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L’appel
du voyage


L’Afrique, la source
C’est encore à Fort-Archambault que je vis pour la première fois, des femmes noires qui étaient belles. Elles avançaient, en file indienne, une jarre en équilibre sur la tête. Quand nous les croisâmes, elles s’arrêtèrent, de leurs bras levés assurèrent, maintinrent leur faix. Des Saras. Nullement déformées, les seins hauts, les cheveux en nattes serrées, drapées de la ceinture aux chevilles. Elles demeurèrent ainsi, droites, pendant quelques minutes. Elles ne soutenaient plus des poteries, mais le ciel même. La brousse, alentour, se muait en acropole essartée.
Devant elle, je passais comme devant l’Erechthéïon.
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Photographies de Max-Pol Fouchet

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La souffrance du retour

Voici ma souffrance, alors que l’avion, longeant le rail du Nil, me ramène en Europe : j’ai vu, le mot est exact, l’innocence, et je remonte à chaque tour d’hélice, vers la terre des culpabilités, vers les états, les églises, les édifices où, depuis des siècles, l’homme juge l’homme, fait peser sur soi les polices temporelles et spirituelles, toutes les formes de la surveillance. Je remonte vers l’empire du verdict, où s’élève trop rarement la protestation : « je ne suis pas coupable », le solitaire cri d’un poète parmi les châsses de plomb, vite étouffé par les tonnerres de la menace, par les psaumes des grands inquisiteurs. Ces formes de la surveillance sont plus prolifères, plus accablantes, au demeurant, que celles d’une forêt qui m’ôtait, par son épaisseur, son souffle. Elles sont notre forêt, - une « boyauterie », un intestin plus monstrueux. Je sais ce qui m’attend, au retour : des visages marqués d’enquête, des regards policiers. Les sbires de Dieu. Les sbires de la Société. La générale sbiritude.
Je serai, dans quelques heures, parmi des millions d’êtres qui s’attachent l’un à l’autre le boulet de la culpabilité, s’instaurent juges, composent leur tribunal répressif, ingurgitent, avec la première goutte de lait maternel, la certitude qu’ils sont fautifs, chus, tombés au plus bas, de toute éternité.
L’Homme comme boussole
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