Max-Pol FOUCHET et la revue Fontaine

Fondée en novembre 1938 sous le titre de Mithra, par Charles Autrand, la revue Fontaine trouve son nom définitif en 1939 lorsque Max-Pol Fouchet reprend la direction de la revue qu’il rebaptise alors. Elle est ensuite publiée mensuellement à partir de 1941, à Alger jusqu’en décembre 1944 puis à Paris jusqu’en 1947.

couvsfontaine.jpg Cette petite revue de littérature animée par quelques jeunes intellectuels algérois et qui tirée au départ à 500 exemplaires est devenue par suite des circonstances mais aussi des positions prises par ses animateurs, l’ « organe officiel » des intellectuels, des écrivains et des poètes de la France libre, à partir du débarquement anglo-américain de novembre 1942 en Afrique du Nord.
Le premier projet de cette revue qui voit le jour dans un contexte de montée des périls, celui de l’ascension des régimes fascistes en Europe et de la marche vers la guerre, adopte dès sa création un discours radical dans son opposition au fascisme en même temps qu’il cherche à promouvoir la nouvelle poésie à travers la publication de jeunes poètes comme René-Guy Cadou et l’Ecole de Rochefort par exemple, mais aussi la poésie et la littérature traditionnelle du Maghreb.
Puis Fontaine révèle Samuel Beckett, Jean Orieux, Pierre Gascar, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, Nicole Vedrès, Georges Blin, Arthur Adamov, de même qu’un grand nombre d’auteurs étrangers, poètes et romanciers, espagnols, italiens, américains, anglais. A ce titre, elle consacra deux numéros spéciaux à la littérature anglo-saxonne. Sans jamais cesser d’œuvrer à la promotion de nouveaux talents, la revue peut également s’enorgueillir d’avoir accueilli dans ses pages Raymond Queneau, Georges Bataille, René Char, Jules Supervielle, Henri Michaux, André Breton, André Gide ou encore Georges Bernanos.
Elle est l’une des rares à inscrire noir sur blanc son désaveu face au régime signataire de l’armistice, par un éditorial signé de Max-Pol Fouchet, paru au lendemain de la défaite, intitulé «  Nous ne sommes pas vaincus ». Elle va progressivement rallier, depuis la capitale de l’Algérie, l’ensemble des écrivains qui ont fait le choix de refuser la capitulation face à l’Allemagne et la compromission avec le nouvel Etat Français, comme Louis Aragon, Paul Eluard, Vercors et beaucoup d’autres. Tout aussi révélateur de cet état d’esprit est le fait que jamais une seule fois pendant l’occupation le nom du Maréchal Pétain ne sera cité dans ses colonnes, ce qui constitue une véritable exception parmi les revues légales.

Fontaine créa donc un passage dans lequel put s’engager tout un pan de la littérature française – celle que Vichy s’employa à faire disparaître du paysage culturel français –, donnant à des auteurs et à leurs écrits, non seulement le moyen de traverser la guerre, et de survivre, mais d’exister en plein jour.
Fontaine joua ainsi un rôle majeur pendant la Seconde Guerre mondiale, devenant malgré les censures vichyste et allemande, la tribune de la résistance intellectuelle française. Publiant notamment en 1942 le poème Liberté d’Eluard qui eut un retentissement considérable, Fontaine, « revue de la Résistance en pleine lumière », défendit une conception de la poésie engagée que la grande diversité des formes poétiques de prestigieux collaborateurs, tels qu’Antonin Artaud, Jean Cocteau, René Daumal, Max Jacob, Francis Ponge, Philippe Soupault ou encore Pierre-Jean Jouve, ne cessa de refléter.
Son identité fut essentiellement forgée par la personnalité de Max-Pol Fouchet. Le choix d’une ligne inflexible des jours de la défaite à ceux de la Libération permit à la revue de fonctionner comme point de ralliement et de repère. Elle le fit d’autant mieux que, contrairement à d’autres foyers de la France Libre, l’Algérie bénéficia dès 1942 de la présence alliée. L’une des principales forces de cette expérience réside dans sa double capacité à avoir créé des liens de solidarité autour de la publication de la jeune poésie française, comme à avoir fait d’une situation géographique donnée une position stratégique dans la diffusion des publications auprès des réseaux résistants.

Les archives de la revue sont déposées à l’Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine (Archives Web) I.M.E.C..
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