D’abord comédien – il a suivi le prestigieux cours de Charles Dullin - puis collaborateur de Cinq colonnes à la une dès 1961, Jean Bertho, avant de poursuivre à la télévision une carrière féconde, a notamment réalisé Lectures pour tous, entre 1965 et 1968. Une aventure passionnante avec Max-Pol Fouchet face à la caméra.
" Sur les 3 caméras dont je disposais pour le direct à l’époque, je n’en gardais qu’une car je souhaitais que l’on ne sente aucun changement de plan pour épouser le souffle et la diction de Max-Pol.
Le téléspectateur ne devait percevoir aucun mouvement de la caméra pour se laisser entièrement captiver par son discours… Moi-même, j’étais comme envoûté. Sa voix mélodieuse, ses vibrations, sa force intérieure et la beauté de sa langue exerçaient une séduction étonnante.
Max-Pol ne cédait jamais à la facilité quand il choisissait un écrivain. Il n’hésitait pas à faire vivre des auteurs parfois peu connus d’Amérique du Sud, ou des textes d’un abord difficile comme le fameux Au-dessus du volcan de Malcolm Lowry.
Que de livres il a dû faire vendre ! J’imagine toujours, dès le lendemain de l’émission, la ruée chez les libraires ! Quel homme de média formidable… Jamais je ne l’ai senti inquiet, avant ou pendant une émission. Pas une fois je ne l’ai vu commettre une erreur, devoir rectifier un propos. Il parlait pendant, environ 12 à 13 minutes, sans note, comme à des amis et presque toujours en direct. Son intervention clôturait l’émission, alors, on pouvait parfois déborder. L’époque permettait ça aussi… Et ensuite ? Je le déposais en voiture en bas de chez lui, au bord de la Seine et comme deux collégiens, on continuait à discuter passionnément…"
Propos recueillis par Anne Duvivier