Au fil des souvenirs

Quel meilleur hommage rendre à un écrivain que de permettre à de nouveaux lecteurs de le découvrir, même après qu’il s’en est allé ?

Hubert Nyssen, aujourd’hui disparu, a réédité Demeure le secret et autres poèmes chez Actes Sud, et ne se lassait pas d’évoquer son ami. Pour notre plus grand bonheur.
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« Max-Pol n’a pas eu comme créateur, la part de reconnaissance et la célébrité qu’il méritait, parce qu’il a consacré sa vie à servir la cause des autres. Il déployait une immense générosité à faire connaître ceux qui l’approchaient ou qu’il découvrait… avec quelle remarquable efficacité ! Il avait une manière tout à fait singulière de considérer la critique : non comme un pouvoir, une institution, mais, selon ses mots, comme « une aventure vécue dans l’aventure du livre ». Et l’âge venant, il avait pris conscience qu’il ne s’était pas donné le temps d’écrire une œuvre romanesque. Son livre La rencontre de Santa Cruz montre qu’il aurait pu être un grand romancier…
Ce serait donc de l’ingratitude de ne pas lui rendre un peu de cette générosité…
Alors, bien sûr, il était essentiel de le rééditer - ce qui reste, c’est d’abord la chose imprimée - mais je m’attache aussi à parler de lui aussi souvent que possible, dans mes Carnets (1) en ligne notamment. (Rôle capital de la tradition orale, comme dans ces civilisations qui le fascinaient. On puise dans ses souvenirs des choses qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.)
Sans lui, ma vie n’aurait pas été ce qu’elle fut. Il relisait mes manuscrits, nous en discutions les idées… Je me souviens de cette voix si particulière, huile et vinaigre, de ses inflexions pouvant passer de la douceur à l’aigreur…
lecturehn.jpg« Tu sais, me dit-il un jour, que Beethoven a composé trente-trois variations sur la valse de Diabelli… » et il me proposa d’écrire trente-trois poèmes sur un thème de Pierre de Marbeuf, à partir de trois mots si chargés de sens pour lui : mer - mort - amour…
Je l’ai fait, puisqu’il m’avait mis au défi… et je lui ai dédié ce texte (2) en 1972.
Et puis, il y a ce roman baroque, La femme du botaniste (3) que j’ai écrit en pensant à ses dernières heures, en imaginant ses ultimes pensées, comme une sorte de fête rétrospective au seuil de la mort… hommage à mon ami Max-Pol. »

Propos recueillis par Anne Duvivier

1) http://www.hubertnyssen.com/
2) Trente-trois variations sur un thème de Pierre de Marbeuf, 1972. In Anthologie personnelle, Actes Sud, 1991
3) La Femme du botaniste, Actes Sud, 1992. Babel n° 317

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