La revue de la résistance en pleine lumière

A la veille de la Guerre, Max Pol Fouchet participe avec un groupe de jeunes poètes à la publication de la revue Mithra, que dirige Charles Autrand. Lorsqu’à l’automne 1939, ce dernier est appelé au front, Max Pol reprend la direction de la revue qu’il rebaptise Fontaine, en hommage à un écrivain anglophone qu’il admire, Charles Morgan. A la veille de l’appel de De Gaulle, il rédige l’éditorial « Nous ne sommes pas vaincus », qui au cœur de l’été 1940, ralliera autour de Fontaine l’ensemble des écrivains entrés en résistance, tels Louis Aragon, Paul Eluard, Vercors (Jean Bruller). Sous Vichy, Max Pol Fouchet est, comme beaucoup d’autres intellectuels socialistes, écarté de l’enseignement. Il trouve un emploi de courte durée en tant que chroniqueur à l’Echo d’Alger, que dirige un aristocrate maréchaliste, tandis qu’il poursuit ses activités résistantes. Avec Roger Leenhardt, il rejoint le mouvement Jeune France qu’il coordonne en Afrique du Nord : avec lui, il organisera et participera aux premières Rencontres de Lourmarin à la fin de l’été 1941.
En janvier 1942, Max Pol Fouchet perd sa compagne dans le naufrage du Lamoricière au large des Baléares. Jeanne Ghirardi, jeune universitaire brillante qu’il rencontre durant ses études, était devenue sa plus proche collaboratrice avant de devenir sa femme en juillet 1941. Durant ce même hiver, des membres de l’équipe de Fontaine - Jean Roire, son secrétaire, ainsi qu’Edmond Charlot, son dépositaire - sont arrêtés avec leurs familles, emprisonnés à la prison de Barberousse, avant d’être relâchés durant le voyage de Pierre Pucheu en Algérie. Au même moment, Max Pol se rend métropole, où Paul Eluard lui remet le poème Une Seule pensée, plus connu sous le nom de Liberté, qui paraîtra en première page de Fontaine durant l’été 1942.
Au soir du 8 novembre, Max Pol, devenu un membre actif de la résistance locale, participe à la préparation du débarquement allié. Suspecté au moment de l’assassinat de Darlan, il est obligé de se cacher à l’ambassade américaine où il trouve refuge durant plusieurs mois. Proche des milieux gaullistes, il partagera une chambre avec Saint Exupéry chez le Dr Pélissier, avant de partir pour Londres en 1944 en tant que correspondant de guerre. Bientôt, il rejoindra Paris avec les troupes du débarquement, puis sera nommé au Conseil directeur du Comité National des écrivains quelques mois plus tard.

Nelly Anne Saby

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