Après un premier rendez-vous manqué en novembre, l’INA a reprogrammé la soirée dédiée à Max-Pol Fouchet, le 17 décembre 2007 dans le cadre des "Lundis de l’INA" à la B.NF. Un hommage sobre et chaleureux organisé avec le concours de l’association des Amis de Max-Pol Fouchet.
Intervenants (de g. à d.) : Martin Even, journaliste longtemps responsable du service Culture au Monde ; Meryl Moneghetti, de France Culture, auteur d’un article sur Max-Pol dans le Dictionnaire de la télévision populaire française ; Christian Delporte, historien, directeur du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines ; Michèle Cotta ; Maurice Frydland, réalisateur, scénariste de dizaines de téléfilms à l’époque des Bluwal, Dhery, Drot et autres figures marquantes de la télévision publique ; Marianne Fouchet.
Face à une centaine de personnes, en sa qualité de présidente du Comité d’histoire de la télévision, Michèle Cotta a ouvert la soirée devant un grand écran sur lequel était projeté un portrait de Max-Pol Fouchet dans les années 1950.
Marianne, invitée à se joindre aux intervenants à la tribune, s’est mise un peu en retrait, en bout de table, quelques notes posées devant elle, attentive à chaque parole, concentrée autant que vigilante. Sous ce portrait de Max-Pol, la ressemblance est frappante et rend la profonde complicité entre le père et sa fille encore plus évidente. Elle a soigneusement préparé cette soirée, avec la même énergie qu’elle a su insuffler pour faire renaître l’association et tenter de redonner à Max-Pol la place qui fait souvent défaut dans le paysage audiovisuel, vingt-sept ans après sa disparition.
Les cinq extraits du fonds INA, dans des registres très différents, choisis avec l’aide de Rosine Gautier, montrent combien l’exercice auquel se livrait Max-Pol est complexe mais d’une intelligence exemplaire. Il savait amener le téléspectateur au seuil du monde infini de la connaissance et de la culture dans toutes ses composantes. Un monde qu’il nous aidait à apprivoiser, en nous tendant des clés pour pénétrer le secret des oeuvres sans jamais le déflorer, laissant à chacun la liberté de le faire. A l’époque du noir et blanc, de Lectures pour tous, où le traitement de l’image est plus que rudimentaire, neutre à l’extrême, il ciselait en artisan chacun de ses mots. Face à la caméra, dans un studio sans décor, tout noir, en plan fixe, assis derrière une table, il nous racontait en direct aux heures de grande écoute, durant dix minutes, parfois sans la moindre coupure, l’histoire d’un ouvrage, d’un roman, d’un artiste, d’un être qui n’était plus tout à fait un étranger jusqu’à devenir presque un familier en fin d’émission. Est-il insensé de croire aujourd’hui en une télévision moderne, respectueuse de son public et moins encline au diktat de l’audimat ?
Ce soir-là, le débat avec la salle sur une télévision de qualité s’est bien vite refermé, trop assurément. On se plaît à espérer dans ce temple des archives qu’est l’INAthèque d’autres soirées, et pourquoi pas un DVD, comme celui que l’INA a récemment publié en hommage à la mythique émission Cinq colonnes à la Une de ses amis Desgraupes et Dumayet !
Thierry Delafontaine.
L’essentiel de la transcription du débat de la soirée INA du lundi 17 décembre sera publié mi juin 2008 dans le prochain n° 23 de la revue MédiaMorphoses (éditions Armand Collin et INA).