Ce n’est pas un hasard si Max-Pol Fouchet appela Fontaine la revue qu’il fonda pendant la guerre et qui devait devenir comme on l’écrivit : « La revue de la Résistance en pleine lumière ».
Pour lui la poésie était cette source où l’homme pouvait étancher sa soif de justice et de fraternité, de liberté et de rêve – un rêve réconcilié avec l’action.
D’un passé antérieur à sa naissance, à un futur d’au-delà sa mort, le destin de Max-Pol s’avère passionnément fidèle à une certaine idée de l’homme attentif à sans cesse se dépasser.
L’auteur des « Limites de l’Amour » fut et demeure pour nous le poète dans toute son exigence de beauté, de dignité et de bonté.
En dressant Fontaine contre la monstruosité du nazisme et la vilenie de ses complices, en y proclamant, en juin 1940, au nom de l’esprit : « Nous ne sommes pas vaincus » ; en y publiant de 1940 à 1944, les plus vifs, les plus douloureux et les plus courageux poèmes de la France : de Pierre Emmanuel à René Char, d’Aragon à Eluard, de Jouve à Supervielle, à encore d’autres, Max-Pol Fouchet fit œuvre de poète.
En faisant découvrir à des millions de téléspectateurs les livres qu’il aimait ; en disant tout net à ces millions de téléspectateurs : ses espoirs, ses révoltes, ses indignations, Max-Pol fit œuvre de poète.
En éclairant, avec une passion subtile et juste, dans des ouvrages comme dans des films, les chefs-d’œuvre de la peinture qu’il admirait, Max-Pol fit œuvre de poète.
En voyageant, en nous donnant une connaissance fraternelle des Peuples nus d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique que le viking qu’il fut était allé rencontrer et aimer, Max-Pol fit œuvre de poète.
« Les Ecoles du Vertige », « Femme de Nuit et d’Aube », « Règles de Vie », « Les Limites de l’Amour », tels sont les titres des recueils dont l’ensemble forme l’œuvre poétique de Max-Pol sous ce titre général éminemment significatif : « Demeure le secret » (et il faut y ajouter le grand poème d’Héraklès).
Oui, pour Max-Pol Fouchet, à travers les écoles du vertige, à travers les règles de vie et à travers l’amour, la poésie est recherche d’un secret, du secret. Mais au terme de cette quête et du chant qu’elle suscite, le secret vers lequel le poète s’achemine et nous conduit, le secret de l’être demeure, astre ou atome de silence irréductible au cœur de la parole la plus essentielle.
Serais-jesi tu n’étais flamme ,Serais-je flammesans l’absolu du feu ?
« Ces deux vers d’« Héraklès » me semblent donner la clef de la morale comme de la métaphysique inséparables dans l’œuvre de l’ami disparu.
Pour lui, vivre et écrire auront présenté la même référence à un absolu, comme une flamme partielle, passagère, fait référence à l’absolu d’un feu unique et éternel. »
Georges-Emmanuel Clancier