Le 30ème prix a été remis à Lourdes le 23 octobre 2011 pendant la Quinzaine Littéraire et Artistique organisée par Guy Rouquet et l’Atelier Imaginaire. Présentation par Abdelkader Djemaï...
C’est entre le Nord et le Sud « qui rend vivant », dans le croisement des paysages et des vents, du froid et du feu que s’écrit et se déploie le long poème récitatif de Sylviane Cernois qui vient de recevoir le 30ème prix Max-Pol Fouchet décerné par le Jury international de l’Atelier Imaginaire.
Préfacé par Werner Lambersy, Pavillon Verlaine Chambre 102 est irrigué par une voix retenue, précise et sans concession. Tout près du silence et au bord du cri, elle raconte l’histoire de cette blessure vive, lancinante et profonde qu’on appelle la folie. Celle notamment de sa mère « affalée dans le chagrin, enfermée à clé et qui miaule comme une petite chatte. » Une mère qui veillait pour basculer « la tête la première dans le vide ».
Il y a dans cette géographie de la douleur et de l’indicible, sur ces territoires de langues où « sèchent les cendres », des plages, de la neige, des oiseaux, de la pluie, un pays fluvial et des villes comme Zeebrugge, Baracora, Wanse et Londres où Virginia Woolf s’enfonce dans l’eau avec ses « petites poches remplies de cailloux ».
Ce texte, sensible et fort, sait parler des corps cassés, des mémoires perdues et des rêves en fuite, comme celui de voir un jour le Pavillon Verlaine « grouiller de soleil. ». Il est aussi illuminé par cette beauté, simple et devenue rare, qu’on appelle la pudeur.
Abdelkader Djemaï
Sylviane Cernois, Pavillon Verlaine Chambre 102, Le Castor Astral, 2011