Aragon et Elsa Triolet à Nice au moment de la parution du CANTIQUE A ELSA dans le n° 29 de FONTAINE
La Résistance que je souhaitais que FONTAINE exprimât, c’était l’éternelle résistance de l’homme contre la tyrannie, sa révolte fondamentale, non chronologique somme toute, contre le mal. Ainsi, pensais-je, la poésie gagnerait son éternité, les hommes de mon temps l’entendraient tel un chant de liberté aussi bien que les hommes futurs, puisque le même combat recommence sans cesse, et que la semence du dragon demeure.
Ai-je réussi ? Je le crois, mais ce n’est pas à moi de le dire.
Fontaines de mes Jours – Stock – 1979 – page 160
CAMPAGNE DE RUSSIE
Les infamies de l’espace
Aux légions de l’éclipse
Fédérico le mot de passe
Aux amis de l’apocalypseLe dur imparfait du verbe
Balance les phrases de l’air
Délivrance au blason d’herbe
De feu de balle et de verreA chaque jour suffit sa haine
A chaque nid suffit son fer
On a beau tondre la laine
Rien ne fera contre l’hiverIl faut un feu de cathédrales
Pour enfin réchauffer Dieu
Il faut des troupeaux de dalles
Pour des bergers plus heureux
Neige pour drapeau de sang
Hampe de fleuves d’embâcle
Les corbeaux sont serfs du vent
Liberté des offensives débâclesLiberté belle à mourir
A subir le crime et la prison
Notre âme Liberté notre rire
Juste folie Liberté des saisonsO foins coupés, Ô bel oubli
Fontaine au cœur d’histoire
Notre France au blé ravi
Mains unies de la mémoirePour un seul vers d’aurore
Cent strophes au poème noir
Les Camarades de la mort
Sont associés de l’espoir
L’appel de la Résistance, un appel de toujours
La souffrance du retour