La musique est produit de l’être
Et elle produit de l’être.
« Longtemps j’ai voulu exprimer ce que j’avais ressenti, en écoutant la « Marche funèbre » du « Crépuscule des dieux » de Richard Wagner, et ce fut en vain. Mais un jour, tout ce qui m’avait bouleversé, poigné, transporté, j’ai pu le lire sous la plume de Charles Baudelaire. Délivré des lieux de pesanteur, il conçut pleinement l’idée d’une âme, qui se mouvait dans un milieu lumineux, il sentit une « extase faite de volupté et de connaissance ».
Extrait de la première émission « journal musical d’un écrivain » du 23 octobre 1968
La musique souvent me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste ether,
Je mets à la voile ;
La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J’escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile ;
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D’un vaisseau qui souffre
Le bon vent, la tempête et ses convulsions
Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir !