L’appel
de la poésie
Vézelay, une source
A Vézelay, j’ai placé mon bureau de telle façon que je ne puisse voir, lorsque j’y travaille, qu’une mince ligne d’horizon et l’immensité de ciel. Le paysage, du haut de la colline de Vézelay, est l’un des plus beaux et des plus vastes de France. Mais je vis bien plus avec et dans son ciel, avec cet espace de silence que corbeaux et corneilles coupent de leurs ailes comme avec des ciseaux. Tourné vers l’ouest, sans quitter ma table, je suis le témoin des couchers de soleil (...).
La maison de Vézelay
A Vézelay, les murs épais de la maison m’écoutent sans que je parle, et j’entends leur parole de silence. Quand j’arrive, après un séjour ailleurs, ces rugueux se font tendres, ils dissipent mon inquiétude. Je pourrais dire qu’ils ont plus d’une fois guéri mon chagrin. Si je suis accompagné, j’ai l’impression qu’ils me boudent. Nous ne sommes plus seuls. La solitude, dont ils sont, depuis des siècles, les serviteurs, leur a ordonné d’agir ainsi. Je sens plus tard, à des signes connus de moi, que leur humeur change, et ces pierres énormes, réconciliées, me suivent quand je me déplace dans la maison, montent l’escalier avec moi, m’entourent dans mon bureau, encadrent le paysage de forêts et de collines dans la fenêtre... Alors le vide m’emplit comme un alcool. J’ai devant moi l’espace comme un gabier, dans sa hune, a la mer...