L’appel
des médias
Je voulais que les œuvres fussent présentées non seulement en elles-mêmes, mais comme des témoignages fournis par un homme, l’artiste, aux autres hommes. Je rejoignais ainsi mon souci essentiel de m’approcher de l’homme, considérant que pour l’approcher, il fallait lui offrir des miroirs dans lesquels il apparût. Je me suis efforcé de donner des clés, laissant à mes auditeurs le soin d’ouvrir eux-mêmes les portes et de pénétrer dans les œuvres.
J’ai voulu conduire les autres vers le secret des œuvres, sans expliquer ce secret ni le déflorer, car le démonter serait les dépouiller de leur mystère, et du même coup les anéantir.
Ses premiers pas à la télévision
Je fus conduit à la télévision par le hasard. Deux de mes amis, Pierre Desgraupes et Pierre Dumayet, me proposèrent de faire avec eux, dans l’esprit de la revue Fontaine, une émission consacrée aux livres. D’abord j’hésitai. Sur l’insistance des deux Pierre, j’acceptai finalement, à mon corps défendant. Pendant quinze ans, de 1953 à 1968, notre trio, auquel s’ajouta la merveilleuse Nicole Vedrès, fit aimer et vendre des livres. Le magazine Lectures pour tous ne fut pas seulement suivi par des intellectuels, tant s’en faut, mais par un vaste public. L’émission fut supprimée à la suite des événements de mai 1968, en raison du rôle que nous avions joué dans la grève de la télévision, et plus encore parce que le pouvoir ne voulait plus que certaines figures fussent populaires et, de ce fait, eussent une action sur les téléspectateurs. Pierre Dumayet avait publié dans Le Monde, un article sur la réforme nécessaire de la R.T.F.. Le général de Gaulle, paraît-il s’en fâcha, et déclara qu’il ne tolérerait plus « ce Dumayet sur les écrans de sa télévision ». Néanmoins les Lectures pour tous ne sont pas oubliées. Beaucoup d’auditeurs les regrettent et souhaitent qu’elles renaissent.
Voilà comment mon besoin de communiquer, ce que j’aime – et aussi ce que je n’aime pas ! – fit de moi un homme des médias. C’est aussi pourquoi j’ai collaboré ensuite à une émission semblable, Italiques, qui dura trois ans. Combien de films ai-je consacrés aux arts plastiques ? Une bonne cinquantaine, pour le moins, dont il me faut bien dire que certains sont devenus des « classiques ».
Le sens de la poésie
La souffrance du retour
Parler à tous